
Études acoustiques pour les entrepôts logistiques
Les entrepôts logistiques constituent un maillon indispensable de la chaîne d’approvisionnement moderne : ils permettent de réceptionner, stocker, trier et expédier les marchandises. Ces bâtiments sont souvent implantés en bordure des agglomérations, à proximité d’axes routiers pour faciliter les livraisons. L’intensité des flux – chargements et déchargements des poids lourds, passages de chariots élévateurs, fonctionnement continu des convoyeurs et des groupes frigorifiques – génère un environnement sonore complexe. Des moteurs qui vrombissent, des convoyeurs qui claquent, des klaxons et alarmes de recul, des rubans adhésifs qui se déroulent et des systèmes de ventilation qui tournent en permanence : autant de sources qui peuvent perturber la tranquillité des riverains et exposer les opérateurs à des niveaux sonores élevés . D’après une étude de l’INRS sur les plateformes de préparation de commandes, les bruits des colis descendant sur des convoyeurs à rouleaux inclinés atteignent 80 à 92 dB(A) aux postes de travail .
Pour les exploitants, la gestion du bruit n’est pas seulement un enjeu de confort : c’est une obligation réglementaire et un facteur de santé au travail. Selon qu’il est ou non classé Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), un entrepôt est soumis à des textes différents. Les entrepôts non classés relèvent du décret du 31 août 2006 sur les bruits de voisinage, qui limite l’émergence du bruit à 3 dB(A) le jour et 5 dB(A) la nuit. Les entrepôts classés ICPE doivent respecter l’arrêté du 23 janvier 1997 : les émergences autorisées sont de +5 dB(A) le jour et +3 dB(A) la nuit en limite de propriété, avec des plafonds de 70/60 dB(A). Par ailleurs, le Code du travail impose aux employeurs de protéger leurs salariés exposés à des niveaux sonores supérieurs à 80 dB(A).
Pourquoi les entrepôts génèrent‑ils du bruit ?
Un fonctionnement intense
Les entrepôts logistiques sont comparables à de véritables usines de tri. Chaque jour, des milliers de colis transitent sur des tapis roulants et sont déplacés par des chariots ou des robots. Les principaux contributeurs au bruit sont :
Convoyeurs et trieurs automatiques : les vibrations et les chocs des colis sur les rouleaux métalliques, cumulés au ronflement des moteurs, créent un bruit continu.
Chariots élévateurs et transpalettes : qu’ils soient thermiques, électriques ou hydrauliques, ils génèrent des bruits de moteur, des sifflements de pompes et des chocs des roues sur les sols irréguliers. Les bips de recul et avertisseurs sonores s’ajoutent aux bruits mécaniques .
Emballage manuel : dans les zones de préparation, le déroulement des rubans adhésifs et les tapes de mise en caisse créent des crêtes sonores répétitives .
Groupes froids, climatisations et ventilations : les installations frigorifiques des entrepôts à température dirigée fonctionnent en continu et produisent un bruit de fond important.
Klaxons, annonces vocales et signaux de sécurité : nécessaires pour la sécurité, ils multiplient les pics sonores.
Ces sources se superposent et, sur certains postes, le niveau de bruit continu ou intermittent dépasse fréquemment 80 dB(A) .
Impacts pour les salariés et les riverains
Les bruits intenses et répétés peuvent provoquer fatigue auditive, stress, perte de concentration et risques d’accidents. D’après l’INRS, les employeurs doivent évaluer l’exposition des travailleurs et mettre en place des actions de prévention : achat d’équipements silencieux, réduction des sources, adoption de silencieux et de capotages, mise à disposition de protections auditives . Pour les riverains, les nuisances se traduisent par des émergences sonores en façade, amplifiées par les vibrations et le bruit des manœuvres nocturnes. Les plaintes sont fréquentes lorsque les activités se déroulent en dehors des horaires diurnes ou lorsque l’entrepôt est implanté à proximité immédiate de zones résidentielles.
Cadre réglementaire applicable aux entrepôts
La réglementation fixe des limites pour protéger les populations et garantir la santé des salariés. Les principales références sont :
Décret sur les bruits de voisinage (31 août 2006)
Pour les entrepôts qui ne relèvent pas du régime ICPE, le décret n° 2006‑1099 s’applique. Il définit une émergence maximale de 3 dB(A) le jour et de 5 dB(A) la nuit entre le bruit généré et le bruit résiduel . L’émergence est calculée en pondération A et par bandes de fréquences. Des corrections peuvent s’ajouter selon le caractère impulsif, tonal ou répétitif du bruit et selon la durée d’apparition. Les maires, dotés de pouvoirs de police, peuvent réglementer les horaires de livraison, imposer des aménagements et sanctionner les contrevenants .
Arrêté du 23 janvier 1997 (ICPE)
Les entrepôts classés ICPE, notamment ceux qui stockent des matières dangereuses ou dépassent certains seuils, doivent respecter l’arrêté du 23 janvier 1997. Celui‑ci fixe des émergences de +5 dB(A) le jour et +3 dB(A) la nuit en limite de propriété, ainsi que des niveaux maximums de 70 dB(A) le jour et 60 dB(A) la nuit. L’arrêté impose une étude d’impact acoustique lors de la création ou de l’agrandissement du site et prévoit des contrôles périodiques par la DREAL. En cas de dépassement, l’exploitant doit mettre en œuvre des mesures d’atténuation (écrans, isolement, capotages). La norme NF S 31‑010 définit les méthodes de mesure et les critères d’expertise pour ces études .
Code du travail et exposition des travailleurs
Le bruit est également un risque professionnel. Le Code du travail fixe trois valeurs : 80 dB(A) (première valeur d’action), 85 dB(A) (deuxième valeur d’action) et 87 dB(A) (valeur limite). Lorsque les niveaux dépassent 80 dB(A), l’employeur doit informer les salariés et mettre des protections auditives à leur disposition. À 85 dB(A), il doit prévoir des actions de réduction du bruit, des formations et une surveillance médicale. La valeur limite de 87 dB(A) ne doit jamais être dépassée . La norme ISO 9612 décrit les méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle et les stratégies de mesure.
Notre méthodologie d’accompagnement
Écoute et définition du périmètre
Chaque mission débute par une phase d’écoute et d’analyse documentaire. Nous échangeons avec l’exploitant, les responsables HSE et, si nécessaire, avec les autorités et les riverains. L’objectif est de connaître précisément :
Les activités (stockage, cross‑docking, préparation de commandes).
Les horaires (jour, soirée, nuit, week‑end) et les pics d’activité.
Les équipements (convoyeurs, chariots, robots, groupes froids, systèmes de ventilation).
La configuration des lieux (voies d’accès, proximité de logements, bâtiments attenants).
Nous consultons les plans de masse, les fiches techniques des machines et les arrêtés préfectoraux pour identifier les sources potentiellement gênantes. Cette phase est indispensable pour définir un protocole de mesure pertinent (choix des points, horaires, durée) et pour adapter l’étude aux attentes (mise en conformité, gestion d’une plainte, évaluation d’un projet).
Mesures en limite de propriété et acoustique environnementale
Pour vérifier le respect des seuils d’émergence, nous effectuons des mesures en limite de propriété et dans les zones à émergence réglementée (ZER). Nos sonomètres de classe 1, calibrés, enregistrent en continu et par bandes de fréquences pendant plusieurs périodes (jour, soir, nuit). Nous calculons l’émergence entre le bruit global et le bruit résiduel et la comparons aux seuils (3/5 dB(A) ou 5/3 dB(A) selon le régime). L’analyse spectrale permet de repérer les tonalités marquées et les basses fréquences. En cas de dépassement, nous proposons des solutions : écrans acoustiques, merlons végétalisés, localisation des quais de déchargement loin des logements, silencieux sur les groupes froids, contrôle des horaires.
Exposimétrie sonore des opérateurs
Nous réalisons des campagnes d’exposimétrie pour évaluer l’exposition quotidienne des salariés. Des dosimètres sont fixés au niveau de l’épaule de plusieurs opérateurs représentatifs des différents postes (caristes, préparateurs de commandes, manutentionnaires). Les niveaux enregistrés tout au long de la journée sont corrélés avec les tâches effectuées (fiches d’activités). Nous calculons le Lex,8h et le comparons aux valeurs d’action. Selon les résultats, nous proposons des actions : capotage des convoyeurs, pose de bandes amortissantes, mise en place de chariots électriques plus silencieux, réduction de la vitesse des machines, réorganisation des postes et programme de prévention. Les cartographies sonores réalisées à l’intérieur identifient les zones à fort niveau et guident l’implantation d’absorbants ou de cloisons.
Cartographie sonore et étude d’impact
Pour les créations ou extensions d’entrepôts, la réglementation exige une étude d’impact acoustique. Nous combinons des mesures in situ avec des modélisations numériques basées sur la norme ISO 9613‑2 . La modélisation intègre la topographie, les bâtiments, les écrans existants et les futures sources (quais supplémentaires, silos, groupes froids). Nous produisons des cartographies en couleurs indiquant les iso‑niveaux (50, 55, 60, 65 dB(A)), comparons la situation projetée aux limites réglementaires et évaluons l’efficacité des solutions proposées (orientation, écrans, choix des équipements). Ce document est précieux pour les dossiers d’autorisation ICPE et les concertations publiques.
Rapport, restitution et suivi
Nous fournissons un rapport détaillé comprenant : description des activités et des sources, résultats de mesure (niveaux, émergences, Lex,8h), cartographies et spectres d’analyse, comparaison aux seuils, hiérarchisation des actions correctives (organisationnelles, techniques, architecturales), recommandations d’investissement et calendrier. Nous présentons nos conclusions lors d’une réunion avec l’exploitant et, si nécessaire, avec les élus et les riverains. Enfin, nous proposons un suivi pour vérifier l’efficacité des mesures et accompagner l’entreprise lors des contrôles de la DREAL.
Études d’impact pour nouveaux projets et agrandissements
Les entrepôts logistiques évoluent rapidement : extensions de surface, automatisation, implantation de nouveaux équipements techniques (groupes électrogènes, centrales de réfrigération, panneaux photovoltaïques). Ces modifications peuvent augmenter le bruit émis. Avant d’engager des travaux, l’exploitant doit réaliser une étude d’impact acoustique pour s’assurer que l’émergence restera dans les limites. Cette étude comprend :
une analyse de l’état initial (mesures de bruit avant projet) ;
la modélisation du projet (position et puissance des nouvelles sources) ;
l’évaluation de l’augmentation prévisible et la comparaison aux seuils ;
des propositions de mesures compensatoires : déplacer certaines machines, créer des écrans, orienter les sorties d’air, réduire la vitesse des convoyeurs. Les groupes électrogènes de secours sont traités avec une attention particulière : ils doivent être audibles dans l’enceinte pour la sécurité tout en restant compatibles avec les limites réglementaires.
Conclusion
Les entrepôts logistiques jouent un rôle capital dans la distribution des biens, mais leur activité génère des nuisances sonores pour les opérateurs et pour les riverains. Respecter les réglementations (décret bruit de voisinage, arrêté ICPE, Code du travail) et maîtriser les émissions est indispensable pour éviter les plaintes, les sanctions et pour préserver la santé des salariés. Grâce à une démarche complète – écoute, mesure, modélisation, préconisations et suivi – Denis Acoustique aide les entreprises à identifier les sources de bruit, à réduire l’exposition des opérateurs et à garantir la conformité des sites actuels ou futurs. La maîtrise du bruit devient ainsi un facteur de performance, de qualité de vie au travail et de responsabilité sociale.
FAQ – Entrepôts logistiques
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Les principales sources sont les convoyeurs et trieurs automatiques, les chariots élévateurs et transpalettes, les rubans adhésifs d’emballage, les groupes froids, les systèmes de ventilation et les signaux de sécurité . Ces bruits se cumulent et peuvent dépasser 80 dB(A) .
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Il est soumis au décret sur les bruits de voisinage du 31 août 2006. L’émergence admissible est de 3 dB(A) le jour et 5 dB(A) la nuit . Le maire peut imposer des restrictions d’horaire ou ordonner la mise en œuvre de solutions en cas de nuisances .
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L’étude comprend une analyse de l’état initial (mesures existantes), une modélisation du projet (ISO 9613‑2), l’évaluation de l’augmentation de bruit et des mesures compensatoires (écrans, orientation des sources, choix d’équipements). Elle est obligatoire pour les nouveaux projets et les agrandissements soumis au régime ICPE.
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La campagne d’exposimétrie permet de déterminer l’exposition quotidienne des salariés et de vérifier le respect des seuils de 80/85/87 dB(A) . Les résultats servent à mettre en place un programme de prévention (capotage, rotation des postes, protections auditives).
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Les solutions varient selon les sources : installation de convoyeurs silencieux, pose de bandes amortissantes, écrans et merlons végétalisés, capotages et silencieux sur les groupes froids, modification des horaires de livraison, passage à des chariots électriques. L’entretien régulier des équipements et la formation des opérateurs sont également essentiels.
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Les solutions incluent : aménagement d’aires de livraison couvertes, installation d’écrans acoustiques, isolation des équipements techniques, mise en place de portes à fermeture lente, maintenance régulière, horaires adaptés, choix de matériels silencieux et sensibilisation du personnel à la gestion du bruit.