Campagne de mesures acoustiques pour un site pharmaceutique ICPE à Lyon

Pourquoi mesurer le bruit d’une installation classée ?

Les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) doivent respecter des seuils sonores pour protéger la population et limiter leur impact sur l’environnement. L’arrêté du 23 janvier 1997 fixe notamment deux critères : le niveau absolu en limite de propriété de l’établissement (70 dB(A) le jour, 60 dB(A) la nuit et l’émergence – la différence entre le bruit ambiant et le bruit résiduel – dans les zones d’émergence réglementée (ZER). Selon ce texte, l’émergence admissible est de 6 dB(A) de jour et 4 dB(A) de nuit lorsque le bruit ambiant est compris entre 35 dB(A) et 45 dB(A), et de 5 dB(A) le jour et 3 dB(A) la nuit lorsqu’il dépasse 45 dB(A). Ces valeurs sont reprises dans de nombreux arrêtés préfectoraux et s’appliquent à notre site.

Les ZER correspondent aux zones habitées ou occupées par des tiers (logements, jardins, terrasses) et aux zones constructibles définies par les documents d’urbanisme. La norme NF S 31‑010, utilisée pour caractériser les bruits de l’environnement, impose en outre des conditions de mesurage strictes : pas de mesure lorsque la vitesse du vent dépasse 5 m/s ou lorsqu’il pleut, car ces phénomènes faussent les résultats.

Contexte de l’étude : un site pharmaceutique en milieu urbain

Le site étudié est un établissement pharmaceutique basé à Lyon qui fabrique des pansements. L’installation fonctionne à l’année et emploie plusieurs lignes de fabrication (tissage des supports, enduction, séchage, découpe et emballage), des équipements d’air comprimé et des systèmes de ventilation. Situé dans un quartier très urbanisé, le site côtoie des immeubles d’habitation et des commerces. Dans ce contexte, la maîtrise du bruit est un enjeu majeur pour éviter tout trouble de voisinage.

Les sources de bruit internes sont comparables à celles observées dans d’autres usines pharmaceutiques : l’utilisation d’air comprimé, des opérations de capsulage automatisé, des cuves de traitement et des ventilateurs. Un rapport du National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) montre, par exemple, que dans une usine pharmaceutique la plupart des zones de production restaient sous 85 dB(A), mais que l’usage d’air comprimé faisait grimper ponctuellement les niveaux sonores au‑delà de 95 dB(A) et même 100 dB(A). Le rapport relève également des niveaux de 88–89 dB(A) près d’une trémie vibrante et des pics à 110–115 dB(A) lors du dégazage d’un réservoir d’azote. Ces valeurs montrent à quel point les équipements industriels peuvent générer du bruit, et justifient la mise en place de protections acoustiques.

Méthodologie de la campagne de mesures

Afin d’évaluer l’impact sonore de l’usine et de répondre aux exigences réglementaires, une campagne de mesures a été menée sur plusieurs jours, en période diurne et nocturne. L’organisation de la campagne s’est inspirée des bonnes pratiques de la norme NF S 31‑010 :

  • Choix des points de mesure : des sonomètres intégrateurs ont été installés à cinq emplacements stratégiques : trois en limite de propriété et deux dans les ZER, à proximité des habitations. Les points ont été choisis de manière à capter l’ensemble des sources de bruit et à évaluer l’émergence, conformément aux recommandations des guides préfectoraux.

  • Conditions météorologiques : les mesures ont été réalisées uniquement lorsque la vitesse du vent était inférieure à 5 m/s et qu’aucune pluie n’était observée, comme l’impose la norme. Les conditions météo ont été enregistrées chaque heure pour vérifier la validité des données.

  • Mesures d’émergence : pour chaque point, des mesures du bruit ambiant (installation en fonctionnement) et du bruit résiduel (installation à l’arrêt) ont été réalisées afin de calculer l’émergence réglementaire.

  • Instrumentation : des sonomètres de classe 1 munis de bonnettes anti‑vent ont été utilisés, avec une calibration avant et après chaque session. La durée d’intégration a été adaptée à l’activité (10 s pour les bruits fluctuants, 1 min pour les niveaux moyens).

Résultats et analyse

Conformité en limite de propriété

Les mesures en journée montrent que le niveau sonore au droit de la clôture reste en dessous de 70 dB(A), limite fixée par l’arrêté du 23 janvier 1997. La majorité des contributions proviennent des unités de ventilation et de l’équipement de conditionnement, mais l’effet du trafic urbain voisin augmente le niveau de fond. De nuit, certains points atteignent 58–62 dB(A). Lorsque l’activité est réduite (maintenance et surveillance seulement), le niveau est conforme ; en revanche, lors de la production continue (fabrication de pansements et emballage), quelques dépassements ponctuels autour de 62 dB(A) ont été observés. Ces écarts restent modérés et s’expliquent par l’utilisation nocturne d’air comprimé, qui, comme le montre l’étude NIOSH, peut générer des niveaux supérieurs à 95 dB(A) pour de courtes durées.

Émergence dans les zones réglementées

L’émergence mesurée dans les ZER est globalement inférieure à 5 dB(A) en journée et à 3 dB(A) la nuit, conformément aux valeurs admissibles pour un bruit ambiant supérieur à 45 dB(A). Dans les zones où l’ambiance sonore est plus calme (résidentiel peu fréquenté), l’émergence est limitée à 6 dB(A) le jour et 4 dB(A) la nuit. Quelques pointes d’émergence de 4–5 dB(A) ont été relevées lors des cycles de capotage automatique et du dégazage des cuves, mais ces événements restent brefs et ne remettent pas en cause la conformité.

Recommandations pour réduire les nuisances sonores

Pour maintenir la conformité et améliorer le confort des riverains, plusieurs actions correctives peuvent être mises en place :

  • Capotage acoustiques et silencieux : entourer les machines les plus bruyantes (confection des pansements, capsuleuses, pompe à vide) d’enceintes acoustiques et installer des silencieux sur les sorties d’air comprimé. Des silencieux adaptés aux purgeurs d’azote réduiront les pics sonores à proximité du réservoir.

  • Planification des activités : programmer les opérations utilisant de l’air comprimé, comme le nettoyage des lignes ou le dégazage, durant les heures diurnes afin de limiter l’émergence nocturne.

  • Maintenance et réglages : vérifier régulièrement l’équilibrage des ventilateurs, réduire les vibrations des bols vibrants et des convoyeurs, et installer des absorbeurs sur les structures métalliques pour éviter la transmission du bruit.

  • Suivi acoustique : mettre en place un dispositif de surveillance continue afin de vérifier en temps réel le respect des seuils et d’anticiper les dérives. La norme NF S 31‑010 recommande de répéter les contrôles en conditions similaires pour garantir la reproductibilité des résultats.

Conclusion : votre partenaire acoustique à Lyon

Cette campagne de mesures démontre l’importance de surveiller et de maîtriser le bruit des sites industriels, en particulier des ICPE situées en zone urbaine. Grâce à une méthodologie rigoureuse et au respect des normes (arrêté du 23 janvier 1997 et NF S 31‑010), le site pharmaceutique lyonnais a pu vérifier sa conformité en limite de propriété et en zones d’émergence. Quelques ajustements (traitement des sources ponctuelles et planification des opérations bruyantes) permettront d’améliorer encore l’impact sonore.

En tant que bureau d’études acoustiques, Denis Acoustique vous accompagne dans vos projets de mesures environnementales. Basés à Montargis, nous intervenons désormais régulièrement à Lyon et en Auvergne‑Rhône‑Alpes pour aider les industriels, notamment les entreprises pharmaceutiques, à respecter la réglementation et à améliorer leur image auprès du voisinage. Vous envisagez une étude acoustique pour votre site ICPE ou souhaitez renforcer votre conformité ? Contactez‑nous dès maintenant pour bénéficier de notre expertise reconnue et améliorer la performance acoustique de votre installation.

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